Salut ça fait déjà un moment que j'ai fait cette ballade ... mais elle
valait le coup ...
Tout (re) commence un dimanche. La nuit fût bonne, calme, réparatrice.
Elle a fait oublier la matinée de labeur de la veille.
Rien de réellement prévu aujourd’hui, les dimanches, ces derniers temps
sont à vivre pleinement, sans agenda, sans planning, sans rendez-vous, il
faut les laisser vivre. A trop vouloir les prévoir on en fait des jours de
semaines, séquencés, orchestrés, minutés.
9h00, un regard sur le monde internet, réponses rapides,
… seulement voilà, une des « réponses rapides » réveille un
désir, une envie, un besoin vitale, un itinéraire se dessine en moi,
toujours le même :
« L’escarène, Col de Braus, Sospel, Moulinet, Col du
Turini, Peira cava, Luceram, L’escarène ».
Le temps est splendide, j’aperçois miss Z du coin de l’oeil, la clé n’attend que le
petit quart de tour qui déclenchera le Bzzz caractéristique de n’importe
quel démarrage d’engin spatial … et le bouton rouge lui, la simple petite
pression nécessaire à réveiller la belle.
L’envie se lit sur le regard et il ne faut pas longtemps pour qu’un petite
voix de 5 ans se fasse entendre « Papa tu vas faire de la moto ? » Nul
besoin de réponse, Camille a compris. Tel un rituel, j’enfile dorsale, cuir,
gants, casque … je rentre peu à peu dans mon autre peau. Comme une
préparation a une cérémonie, une sorte de communion étrange avec … un
engin mécanique à 2 roues !
La phase d’habillement se veut très lente, j’ai un peu l’impression que peu
à peu je deviens un autre, je deviens motard pendant que force verte
entame seule les préliminaires … elle chauffe.
L’objectif est simple :
le Plaisir …
Premier tour de roues pour monter en température, jusqu'à
l’Escarène,
on profite de tout, on jouit de l’équilibre, en pense à cette incroyable
sensation de liberté que procure notre passion, on respire à pleins
poumons, on décèle ici ou là différents parfums, de la senteur fruitée du
lauriers à l’odeur alléchante de pain chaud en traversant le village.
On se repose, encore une fois les questions : Pourquoi est-on si bien ?
Pourquoi est-ce si difficile à partager ? Pourquoi a t-on cette sale manie
de continuer à risquer nos vies, pleinement conscients du danger ?
... on a toujours pas les réponses ... alors on continue ...
Je sors de
l’Escarène, la route s’ouvre, elle s’offre désormais, elle nous
appelle … du moins j’ai cru l’entendre … miss Z aussi, elle me glisse à
l’oreille qu’elle ne veut plus continuer la simple ballade commencée
quelques minutes auparavant.
Le bonheur désormais va se chercher un peu plus haut dans les tours. Je
descend ma visière, cette fois … il va falloir se concentrer, calculer,
estimer, anticiper, se battre et ruser avec miss Z ... quelquefois, pour
l’emmener où l’on veut.
Nous passons
Touët de l’Escarène, tient j’ai envie de vous montrer ce que
nous voyons, 2 kilomètres plus loin je me retourne , clic, clic, clic :
(qui donc a mis se gros truc vert au milieu de ce sompteux paysage ?)Nous continuons à monter vers le
col de braus, un certain bien être
commence à se faire sentir,
Je pense que miss Z est heureuse aussi de partager ce petit moment
complice (là c’est sûr je débloque
)
Manque une chose, une sensation que chacun d’entre vous devriez
connaître :
la glisse.
A chaque lacet, j’attrape le frein avant de miss Z, fait claquer deux
rapports, lâche progressivement l’embrayage mais elle me fait
comprendre que son relatif embonpoint va forcément me freiner dans
mon entrain ... tant pis, nous trouverons le plaisir ailleurs, dans le
déhanchement, la façon "sportive" d'appréhender les virages, nous
jouerons différemment qu'en supermot'.
Au fait le
Col de Braus c’est où ?, c’est quoi ?, c’est comment ? clic, clic :
Maintenant nous allons attaquer la plus belle partie, celle là même qu’un
malheureux DDEMan a décidé de massacrer pour ralentir les motards en
mal de plaisir routier, clic, clic.
Nous ralentissons bien que l’envie de vivre ces lacets pleinement soit
presque trop forte … tant pis … on attendra le printemps que ces gravillons
aient compris qu'ils sont de trop.
Je suis tellement dégoûté de la dégradation de ma piste préférée que j’en
oublie de vous photographier le
Col de Braus …
Nous attaquons la descente vers Sospel, la route ici est intacte et le plaisir
reprend le dessus. Le sourire se raccroche à la face, et le cœur s’exalte ..
encore une fois.
Miss Z et moi faisons corps, elle se laisse mener, elle m’amène là ou je
veux. Nous reprenons, ensemble, le dessus sur notre petite déception
passagère.
Nous rejoignons un gars en Fazer qui lui a vraiment décidé de se faire
plaisir façon « ballade en plein air ». Nous restons un moment dans sa
roue puis il s’écarte gentiment … petit signe amical, rotation du poignet
droit, nous repartons … direction
Sospel, charmant village des hauteurs
de Nice/Menton, plein de motards cherchant repos et bien être, clic :
J’en profite pour faire le plein de Miss Z … et repars aussitôt, je suis loin
d’être rassasié … direction
Moulinet, puis le fameux
Col du Turini. La route
est là aussi fantastique, elle change, se promène désormais entouré de
mur de pierre abrupt. Miss Z profite de l’echo pour me renvoyer son
doux son rauque et grave … clic, clic, clic
On y rencontre des chapelles délicatement attachées à la montagne,
surplombant le vide … clic ..
Nous passons
Moulinet … stupéfait, comme à chaque fois, de la beauté de
ce petit village, j’en oublie de vous le prendre en photo … puis continuons
vers le
Col du Turini.
Nous montons … la chaleur étouffante de
Sospel laisse place à une
délicieusement fraîcheur montagnarde, les arbres s’habillent d’épines désormais … clic, clic :
Les senteurs aussi changent, on respire la Forêt à plein poumons. A voir
les traces sur le sol à chaque virage, la route semblent avoir été conçue
pour le plaisir de conduire … et pas seulement pour les deux roues.
Et juste quand cette pensée traverse mon petit cerveau embué de plaisir,
je croise une
Subaru Impreza qui aussi marque la route de son passage.
Après une magnifique traversée de la forêt, ça y est le
Turini est a porté
de roues, clic, clic, clic :
Petit halte, discussion avec le service sécurité d’un rallye à venir. Il fait
une température quasi parfaite, on s’abreuve à la source, bien connue
des courageux cyclistes amoureux de cols puis on repart vers
Peira Cava pour enfin entamer la descente vers Lucéram.
La route ici se veut plus roulante, moins bosselée et miss Z retrouve de
vraies sensations, elle cherche elle même le point de corde, se place dans
chaque virage … parfaitement .. un autre plaisir grandit, celui de rouler un
peu plus vite, la concentration fait place à la délectation de la montée du
Turini … chaque freinage, chaque rétrogradage se doit d’être parfait …
plus le temps de contempler le paysage, plus le temps de penser à vous,
de vous le montrer .. le plaisir routier avant tout, avant le croisement qui
me fera redescendre vers la chaleur de
Lucéram.
Il arrive enfin, nous attaquons la descente … cette route garde une
étrange particularité : quand on la prend en descente on a qu’une seule
envie en bas … la prendre en montée .. et bizarrement, quand on est en
haut … c’est l’inverse … clic, clic :
Le voyage est bientôt fini dés l’arrivée à
Lucéram, il ne reste que la
redescente vers
L’Escarène puis la remontée chez moi, à
Berre-les-Alpes.
Deux heures grandioses, tellement difficile à partager au retour … :
- C’était comment ?
- (silence … un simple regard suffit, comme pour le départ …)
La ballade était trop belle , l’itinéraire a comblé l’enfant gaté que je suis …
jusqu'à dimanche prochain ! ! !
Alain