- nath a écrit:
- Voilà, j'ai une petite question. J'ai 18ans, et pour ma mère, je suis toujours son petit bébé. Et elle aime pas que je roule en moto, meme le scoot elle aimait pas. Meme si je suis prudente.
Vous qui roulez en moto, est-ce que vous aurez tout aussi peur que votre fille (ou fils) roule en 2 roues?
Salut,
Voici un texte d'une mere de Montpellier qui est venu a la moto bien apres son fils.
Mes parents etaient contre la moto, j'ai passe le permis dans leur dos. Ils ont su que j'etais motard le jour ou je suis arrive en CB chez eux. J'ai fait lire ca a ma mere....elle a un peu mieux compris mon choix.
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Pour ces jeunes qui ont des mamans qui ne partagent pas leur passion.
En 71, je crois, un copain me ramène de la fac à chez moi à Paris à moto.Frappadingue ou pas, j'avais juré que plus jamais je ne remonterais sur une moto.
J'ai toujours fait l'autruche quand mes enfants ont eu mobylette, scoot, passé le permis. On investit dans permis AFDM, protections mais mon fils fait de la moto ? Non. Mon fils a un trial, je crois même ne l'avoir jamais regardé. Je n'écoute pas les histoires à la maison des *onneries qu'il peut bien raconter.
Il se débrouille tout seul pour se trouver son CX 400 qui date de Mathusalem. Je sais que je passe à côté de quelque chose, il suffit de voir ses yeux déçus à mes réactions, mais non, mon fils, trop peur. Une barrière se forme et je suis incapable de l'imaginer à moto. Il est brillant, un
garçon extraordinaire, c'est tout, je m'arrête là. Oui, bof, elle est belle, mais qu'est-ce que tu fais, si petit sur un engin pareil ?
- Allo, m'man, tu peux venir ? J'ai eu un accident. Je n'ai rien mais je ne sais pas remplir le constat. Son père pas là, c'est à moi de faire ça ? Mais, je sais pas faire, n'ai jamais eu d'accident. Il avait eu un accident de voiture tout de suite après le permis, était revenu tout penaud mais tout fier d'avoir su remplir le constat. Maaaaaah ! Il avait tout faux, rempli les mauvaises cases -merci
les *alauds qui se servent de la naïveté d'un enfant-, hurlements pour le malus mais quel soulagement : qu'est-ce qu'on s'en fiche des histoires de sous !
Et là, la moto par terre, j'ai découvert un fils que j'avais oublié de regarder. Adulte dans ses raisonnements, ses réactions et bambin qui pleurait dans les bras de sa maman. J'avais l'impression qu'à cet âge, il était devenu grand, mais non, pas tant que ça. Il a besoin de toi, là.
Au bout d'un moment, il m'a dit "ce qui me fait *hier, c'est que j'aimais bien venir tous les soirs ici faire mon petit tour et je pourrai plus, j'en ai besoin". Il était en Maths Spé, brillant mais études tout de même très lourdes. J'ai entendu sa phrase mais pas comprise.
Par contre, j'ai compris ce jour-là que l'on pouvait faire de la moto, avoir un accident sans être pour autant mort ou estropié.
A la maison, présence continuelle de tous ses copains motards, vous connaissez, ces soirées de rires, de "j'lui ai fait l'inter, l'exter, la caisse au freinage,dans les rétros, il a pas vu le jour", ces longs récits de balades, mais je n'avais plus peur, j'ai écouté en voyant mon fils heureux, très fort aussi dans ce domaine. Il n'a plus eu d'accident mais a eu des trucs impensables ( mâchoires de
frein qui se bloquent sur l'autoroute, poignée de gaz bloquée "à donf" dans un rond-point etc..) et il était toujours là, toujours aussi heureux de raconter, toujours à rire avec son visage d'enfant.
Je l'ai vu partir faire l'aller et retour Andorre sous la pluie battante et la neige là-bas pour aller chercher un casque pour un anniversaire, enfin, plein de choses où on se dit "ouais, il est très fort".
Des mois passent, bouleversements dans ma vie personnelle et professionnelle.
- Dis, j'ai besoin d'évacuer des trucs, tu m'emmènerais à moto ?
Combien de fois me l'avait-il proposé ? Combien de fois s'était-il essuyé un refus catégorique ? Là, ses yeux s'illuminent, heureux, il était.
On me prête un cuir des p'tits jeunes, c'est la fête à la maison avec la maman -et la maman du copain- qui va sur la moto de son fils. Pas loin, pas beaucoup, juste en ville et j'étais fière d'être derrière lui, et lui qui criait, c'est ma maman, j'emmène ma maman.
Je me rappelle avoir pensé : je lui ai donné la vie et maintenant, c'est lui qui est là, responsable de la mienne.
On n'a jamais fait de balade mais des petits tours en ville où il sentait très bien jusqu'où il pouvait aller pour que j'aime ça, jusqu'aux roues avant "ben, m'man, t'as voulu me doubler, là ? " Je sais, c'est pas bien mais il m'avait enlevé toute peur en passagère et avait ancré cette admiration que j'ai en le regardant.
Et je commençais à me dire que c'était chouette, ces sensations sur une moto mais que je ne saurais jamais faire.
Il a son CB500.
Encore une autre étape que je n'ai pas comprise : son ami d'enfance, accident de voiture gravissime, on finit par comprendre qu'il est parti pour Bourg en Bresse, je crois, mois de janvier, en pleine nuit pour assister à ses derniers moments. Et je lui laisse un message pour l'en <BEEP> ler d'avoir pris sa moto au lieu de ma voiture ! Il perd son ami, je n'avais pas compris pourquoi il fallait qu'il y aille à moto. C'aurait pu être lui, moi qui aie le désespoir de ses parents et leur fils
était en voiture.
Un ami me fait découvrir la moto au quotidien, voyages, moto conduite par un pro. Il escorte une balade avec la troupe des p'tits jeunes. J'ai pu les voir au comble des rires, des vannes, au bout de leurs capacités, voir cette amitié qui fusait de partout, spéciale, différente des autres milieux que je connaissais.
Je lui offre un stage pilotage à Lédenon et le vois là, heureux, mais heureux, petit gamin devant un sapin de noël mais qui a besoin de sa maman et qui resplendit au milieu de ses copains. Autre séance à Lédenon, il s'entraîne, un pro le repère et le prend sous sa coupe. Rhoooooooooo ! L'est trop fort, mon fils !
Il tombe, des secondes interminables avant que j'apprenne qu'il n'avait rien et cette phrase encore pas comprise sur le coup "M'man, dis-toi que si je meurs à moto, je serai mort heureux". Une mère ne peut entendre cette phrase et pourtant, quelque part, je me suis dit mais qu'est-ce que c'est pour qu'il puisse me dire ça ?
Après, ce sont des images vécues en passagère, de la colline remplie de mimosas aux virages bien pris par de bons pilotes, de discours que je commençais à comprendre, de moments très agréables passés avec mon club.
La moto cool avec des gens qui en faisaient depuis 20 ans sans accident, une très forte amitié.
Il m'avait ôté la peur, j'avais maintenant le plaisir et ce besoin incessant d'y retourner.
Plus de moto à part ces sorties passagère de club, j'épiais tous ces bruits de pot, me retournais à chaque passage, rêvais tous les matins et tous les soirs quand j'entendais un voisin partir ou rentrer, l'épiais -comme a dit Flyben dans son post sur les gamins à qui il a fait plaisir-. Ya pas, faut que je le passe.
Trop peur encore d'être au guidon, ne suis pas casse-cou, et des décès bêtes comme celui de l'enfant de 19 ans, mon frère piéton renversé par une voiture, je me suis réveillée un matin en me
disant "non, la moto n'est pas plus dangereuse que simplement vivre".
Un apport inattendu de finances et voilà, encore quelques hésitations avec tous les p'tits jeunes qui me tannaient derrière.
Il faut du temps, rassurer les parents non motards pour qui ben, la moto, c'est la mort ou le handicap à vie, des fortunes dépensées pour quoi ? Quel plaisir ? Des discussions stériles, toujours les mêmes ?
En fait, je n'en fais pas beaucoup avec lui -plus depuis que j'ai ZZR- mais comme je raconte mes moments forts, c'est vrai, il est souvent là ! Et quand il n'est pas là, ben, j'y pense, c'est lui qui me l'a fait découvrir, lui qui me fait rire, lui qui est si fort et lui qui m'a dit "oui, m'man,
celle-là, tu peux".
Euh.... je ne raconte pas toutes les eng<BEEP> ades que je prends
)
Un psy me dirait certainement que je m'y suis mise pour pouvoir rester avec mes enfants, mais, s'il n'est pas motard, il ne pourra pas comprendre le bonheur que l'on a au guidon.
V
My Dreamy
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Bye,
Nolan